• Interogatoire TELQUEL Maroc

    "Le h’rig est une soupape pour le système"

    Antécédents
    Khalil Jemmah (Militant associatif,
    fondateur de l'AFVIC)
      1970.Naissance à Khouribga
      1994.Diplômé en commerce à Bruxelles
      2000.Retour à Khouribga, ouvre son cabinet d’assurances
      2002.Fondateur de l’Association des familles et amis des victimes de l’émigration clandestine (AFVIC)
      2003.Crée l’Economica Institut, pour l’économie sociale
      2004.Accuse l’OCP de discrimination

    Smyet bak ?

    Salah Ben Mohamed.

    L’agent OCP 94521 ?
    Exactement. L’agent qui a purgé 29 ans de sa vie à l’OCP. 29 ans de soumission dans un régime militaire.

    Calmez-vous Si Jemmah, c’est grâce à ce régime que votre papa a fait de vous un grand assureur aujourd’hui !
    Ça pouvait se faire sans la soumission. Une entreprise qui se respecte doit privilégier la motivation et le mérite plutôt que la servitude et la sanction.

    Ou n’ta malek ?
    Le 4 décembre 1970, ma mère, enceinte, s’est présentée à la clinique OCP pour accoucher. On lui a alors demandé le grade de son mari pour lui allouer la chambre qui sied à son rang social. C’est le premier acte de discrimination sociale dont j’ai été victime.

    Portez plainte !
    C’est une action que nous coordonnons avec différentes associations de droits de l’enfant. La démarche de l’OCP est contraire à la déclaration universelle des droits de l’enfant, dont le Maroc est signataire. Cette dernière stipule qu’un enfant ne doit pas subir de discrimination à cause des activités de ses parents.

    Smyet mok ?
    Khadija Scadi.

    Nimirou d’la carte ?
    Q 142 360.

    Un assureur prospère à la tête d’une association de harraga, ça fait louche… Qu’est-ce qui vous fait courir ?
    La peur que mes filles aient, un jour, besoin de faire leur vie ailleurs, loin de moi - comme plusieurs membres de ma famille - ou de périr au large comme ces milliers de jeunes chaque jour. C’est un sentiment de hogra qui me fait courir, une ferme volonté de changer les choses, de parler au nom des morts.

    L’État a récemment lancé une campagne contre l’émigration clandestine, y avez-vous pris part ?
    Non et c’est malheureux. Pourtant, les membres de l’AFVIC sont des experts agréés auprès du Conseil de l’Europe, qui les consulte régulièrement. C’est une campagne qui se trompe de message. Elle veut faire peur aux candidats, mais ça ne sert à rien, ils sont tous conscients du risque. Il faut, au contraire, leur donner de l’espoir.

    Que le pays n’offre peut-être pas finalement…
    Ce sont les ambitieux qui partent. Le h'rig est une soupape de sécurité pour le système. Il faut peut-être bloquer cette soupape et pousser les gens à réclamer leurs droits, à se bouger, au lieu de partir.

    Le système encourage le h’rig ?
    L’émigration est la première source de revenus du pays, mais c’est de l’argent stérile. Les nouvelles générations n’envoient plus autant. Comment fera-t-on dans 50 ans, sans l’argent des émigrés ? C’est un modèle économique dangereux.

    Vous montez une école privée qui prétend faire de l’économie sociale, c'est nouveau, ça !
    C’est un centre de formation de militants économiques, d'opérateurs qui, nous l'espérons, investiront dans leur région. Comme nous n’arrivions pas à avoir de fonds, nous avons dû mobiliser des fonds privés. C'est une initiative de l'AFVIC.

    Il ne manquait plus que ça, demander à des bailleurs de fonds associatifs de financer une affaire privée !
    Ce n’est pas une affaire privée. Les étudiants qui ne peuvent payer les frais de scolarité, d'environ 300 DH par mois, ne le font pas. Les écoles privées de commerce coûtent 10 fois plus cher !

    Si demain vous rencontrez le roi, que lui demanderez-vous ?
    Ce que les morts auraient aimé lui demander : nous soutenir pour faire du Maroc un espace de réalisation et des Marocains des citoyens de plein droit.

    Des sujets non ?
    Nous revendiquons le statut de citoyen ?

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