• Ahmed GHAZALI au Maroc Un rendez vous à ne pas manquer

    Un rendez vous à ne pas manquer
     
    Table ronde au centre culturel français à Casablanca, le samedi 7 mai 2005, sur la problématique de l'immigration subsahariène au Maroc. La table rond sera organisé en marge de la pièce de théatre "Tombouctou, 52 jours à dos de chameau", réalisée par Ahmed GHAZALI, Artiste marocain qui a fait de l'immigration clandestine son champ de bataille.

    Ahmed Ghazali est né à Casablanca. Il poursuit des études scientifiques au Maroc, puis en France, où exerce le métier d'ingénieur géophysicien, avant de se consacrer à l'écriture dramatique.

    Libération 3 mai 2005 Emilie Poirrier

    Sa première pièce «Le mouton et la baleine» s'élève comme un cri né de l'urgence d'interpeller les consciences sur le douloureux sujet de l'immigration clandestine.

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    En 2003, il co-organise avec Monique Blin la résidence «Voisinages au Maroc» au cours de laquelle il a écrit «Tombouctou, 52 jours à dos de chameau».

    De retour à Casablanca pour la présentation de sa pièce au public, il raconte à Libé l'histoire et l'impact de son «conte d'aujourd'hui»

    Pouvez-vous nous parler de l'histoire de la pièce?

    Cette pièce a beaucoup évolué. Tout commence, il y a deux ans. Je voulais alors raconter l'histoire de la fameuse pancarte «Tombouctou, 52 jours à dos de chameau», et retracer ainsi l'histoire du Sahara, du commerce trans-saharien, au Paris-Dakar, en passant par le colonialisme, le tracé de frontières ridicules, la vie des Touaregs

    Pourtant, cette version restait trop «folklorique», et nécessitait une dramaturgie plus intense.

    Avec l'aide du metteur en scène, Vincent Goethals, j'ai alors décidé d'ajouter un personnage au sénario, «la fille sans nom», une clandestine malienne.

    Deux personnages principaux, la pancarte, jouée par Daisy Amias, et la jeune malienne, Diara Keïta, formaient alors le coeur de la pièce.

    L'histoire devenait plus concrète, et naturellement plus poignante. Elle traite en effet de sujets brûlants d'actualité : à la fois les raisons qui poussent la jeune femme à partir, quitter son pays, et la traversée clandestine, tragique, jusqu'en l'Europe.

    La pièce se situe au moment du retour de la jeune malienne dans son pays. Elle se retrouve face à la pancarte, devant laquelle elle a enterré ses papiers. La pancarte symbolise alors l'identité de la jeune femme, sa mémoire, ses origines, qu'elle avait enfouis au moment de son départ.

    Pourquoi avoir présenté la pièce sous forme de conte ?

    Il s'agit en fait d'un conte «d'aujourd'hui», un conte moderne. Sa forme s'inspire de types multiples d'écriture, du théâtre classique de Shakespeare aux dessins animés.

    Sur scène, il sera joué en musique. La chanteuse griotte malienne Mariétou Kouyaté, le comédien-musicien marocain Jamal Nouman, et le congolais Gaétan Faïk participeront à la mise en scène musicale.

    Détresse africaine, immigration clandestine Pourquoi avoir choisi de traiter ces thèmes ? Est-ce une manière pour vous de sensibiliser le public, notamment les plus jeunes, au drame de l'immigration clandestine?

    Effectivement, notre projet souhaite sensibiliser le public, et les jeunes à ces sujets. Les deux représentations scolaires s'inscrivent dans cette volonté. L'immigration est un sujet qui me tient particulièrement à coeur. J'ai moi-même immigré en Europe, pendant plus de 15 ans, j'ai rencontré là-bas de nombreux clandestins, et je suis très sensible à ce problème.

    Parallèlement, vous animez une rencontre-débat autour du thème «être africain au Maroc». Quels sont vos sentiments à cet égard ?

    La première chose, c'est la difficulté pour les étrangers de se sentir chez eux au Maroc. Différentes barrières (linguistiques, religieuses ) entrent en jeu, pour rapprocher, ou au contraire, éloigner les immigrants des marocains. Mais d'une manière générale, les subsahariens souffrent au Maroc du manque d'accueil, et du racisme. Ce phénomène est lié à mon avis à la question de l'éducation. Un énorme effort doit être réalisé à cet égard, afin d'enseigner aux jeunes générations la tolérance.

    Êtes-vous optimiste?

    Oui. Le Maroc a construit une partie de son histoire avec l'Afrique subsaharienne. Sa culture s'est nourrie de ce métissage, au fil des siècles. Il faut dorénavant se battre contre l'ignorance et le racisme par l'éducation.

    La mise en scène de la pièce réunit des acteurs des quatre coins du monde : Maroc, Canada, France, Congo, Mali Etait-ce important pour vous ce partenariat Nord-Sud ?

    C'était même fondamental. La pièce est née d'un partenariat entre l"Kingdom of Heaven" : Le fanatisme selon Ridley Scott

    e Québec, la France, et le Mali, autour du thème des «migrations». Mon théâtre s'inspire du métissage, de la cohabitation des cultures dans un espace ouvert. La pièce «Tombouctou» se conjugue d'ailleurs dans de nombreuses langues : anglais, espagnol, wolof, arabe Car il reflète cette réalité de partage et de dialogue des communautés.

    Que représente pour vous le fameux panneau «Tombouctou, 52 jours à dos de chameau»?

    Ce panneau symbolise une sorte d'âge d'or du Sahara, et attend les expériences de retour des migrants dans leur pays natal. Un retour digne et riche. Moi-même, j'ai quitté le Maroc, et j'y suis revenu, afin d'y jouer un rôle. Je pense qu'on ne peut faire l'impasse sur ce retour, sans sacrifier une partie de soi, de son identité. Dans la pièce, la jeune malienne est «la fille sans nom», elle a laissé au cours de son périple son identité, ne sait plus qui elle est.

    Quant à la question du départ, on oublie trop souvent le rôle de l'immigré lui-même. Certes, les pays du Sud, souvent pointés du doigt, n'offrent pas toujours un avenir digne à leurs enfants, et précipitent l'hémorragie humaine. Les pays du Nord, en fermant obstinément leurs frontières, participent aussi aux drames de l'immigration clandestine.

    Pourtant, il y a un troisième acteur, trop souvent oublié, c'est l'homme, l'immigré, qui décide de sa propre vie et de son destin.


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